Que justice soit faite.
J’avais envie d’écrire tout à l’heure. Une folle envie d’écrire un bon gros pâté. Mais rien ne me venait.
Raconter quoi ? À quel point je me sens à nouveau perdu et désemparé ?
Je crois que je serai même pas l’expliquer.
J’en suis venu à sécher, je n’ai pas été en cours mardi, tenté mercredi, atterri à l’infirmerie pour une sale crise d’angoisse, puis jeudi à réessayer, pensant que ça irait mieux, ou le tout à exploser.
Il est hors de question que je retourne dans ce lycée, un véritable enfer, vraiment. J’ai vécu mes pires moments. Mes pires. J’aimerais cependant savoir ce que je leur ai faits, la raison de leurs acharnements, la raison des rires, des rabaissements…
J’ai parlé, je vais désormais donner des noms, les désigner, balancer comme on dirait ici. Je ne suis pas une balance, non, mais je ne pouvais pas continuer comme ça. C’était insupportable.
Je pensais pouvoir tout recommencer, mais malheureusement, le passé m’a rattrapé. Pourquoi ?
On va voir le docteur avec maman, pour consulter un psychologue. Ils se font tous horriblement de soucis. Vraiment. J’en suis arrivé à un stade où je ne ressens plus rien, je souris, pas en me forçant, non, mais je suis lassé, de tout ça, tellement lassé. Hier, je suis rentré du lycée en pleure, comme ces derniers jours d’ailleurs, je rentre toujours du bahut en pleurant, je suis monté, me suis allongé dans mon lit, avec de la musique dans les oreilles. Et je n’en suis pas sorti, une amie de mon ancien lycée m’a appelé, demandant de mes nouvelles, demandant la réponse du bahut pour me reprendre : " Ils donnent la réponse lundi " " Ils vont te reprendre M. j’en suis sur. " Maman m’a dit de m’attendre au pire, de pas me faire non plus trop de films, elle s’inquiète tellement. " Et s’ils ne te reprennent pas M. on va faire quoi ? " J’ai émis l’hypothèse de demander à changer de classe. Je devais aller chez les CPE aujourd’hui, mais pas la force de me lever, pas le courage de parler, pas l’envie d’y aller et d’être toute seule.
C’est désormais mon nouveau quotidien ça, partir la boule au ventre, attendre devant toute seule, aller en cours toute seule, n’avoir personne à mes côtés, manger toute seule. Je dis que je prends l’habitude, mais c’est putain de faux. J’ai toujours aussi mal, toujours aussi mal de croire que ça aurait été génial, toujours aussi mal de croire qu’ils m’accepteraient, qu’ils m’intégreraient. Naïve.